Engagement, ententes et non-monogamie

Par un étrange mécanisme, le concept de monogamie est devenu dans nos sociétés synonyme d’engagement, et le concept d’engagement lui-même est devenu une sous-catégorie de la monogamie. Plusieurs activités, comme faire l’acquisition d’une maison ou encore, fonder une famille, semblent inconcevable en-dehors de l’institution du couple traditionnel. D’autres y sont intimement reliées: partir en vacances, célébrer le temps des fêtes, etc.

Cette situation créé trois types de problèmes, autant chez les personnes monogames que non-monogames. Le premier de ces problèmes (touchant plus les personnes non-monogames) est de définir comment accéder à ces engagements en-dehors de la structure du couple. Le second problème (touchant tout le monde, mais particulièrement les personnes monogames) est de définir comment faire survivre un engagement lorsque la relation de couple ne survit plus. Le troisième problème est que la validité des relations n’est pas reconnue tant qu’elles ne sont pas jointes à une forme d’engagement quelconque.

Reprenons les exemples que j’ai cité au premier paragraphe. L’acquisition d’une maison est souvent une étape majeure dans la vie d’un couple. C’est une façon de se commettre sur le long terme (puisqu’une hypothèque va non seulement vous lier à l’autre conjoint-e mais également à votre prêteur financier pour une durée possible de 25 ans). Ce geste envoie un signal très clair à cet effet. Mais est-ce le cas de tous les achats de maison? Bien sûr que non. Plusieurs personnes achètent dans l’immobilier à des fins d’investissements, afin de « flipper » (rénover puis revendre à profit) ou encore à des fins locatives. Si rien n’empêche d’acheter seul ou en couple, rien n’empêche non plus d’acheter à plusieurs.

Avoir des enfants est, pour des raisons biologiques, également vu comme un engagement de couple. Ce modèle commence à s’effriter de nos jours. D’une part, l’accès aux banques de spermes permet aux femmes de concevoir seules si elles le désirent. L’adoption s’ouvre également aux parents célibataires et aux parents de même sexe, tout comme le recours aux mères porteuses (activité qui n’est pas toujours bien encadrée ni réglementée selon les pays où vous vous situez). Des modèles familiaux différents ont toujours existé: implication de la famille étendue dans l’éducation des enfants, ou encore de la communauté en entier – d’où l’expression « Il faut tout un village pour élever un enfant »). Rien n’empêche de collaborer à plusieurs pour fonder une famille. Les institutions légales en place, malheureusement, ne permettent pas la reconnaissance de plus de deux parents, ce qui est au détriment à la fois des enfants et des gens qui s’occupent d’eux.

Pour les autres enjeux, les vacances, les fêtes traditionnelles, il s’agit souvent de « marqueurs » d’engagement plutôt que de véritables obligations. Après tout, vous pouvez bien partir en vacances avec vos amis, votre famille, vos camarades de classe. Une fois en couple, cependant, il est pris pour acquis que vous consacrerez une partie de ce temps avec votre conjoint-e. On peut dire grosso modo la même chose des fêtes familiales.

Comme on le voit donc, aucun de ces engagements n’est propre au couple en tant que tel. Par tradition, et souvent parce que c’est plus pratique ainsi, ces activités ont été regroupées dans les obligations et privilèges du couple, mais rien n’empêche personne d’autre d’y accéder. En fait, il est sans doute plus facile de le faire de façon raisonnée dans ce temps puisque l’engagement fait alors appel à une autre de nos institutions légales omniprésente: le contrat.

Le contrat (préférablement écrit) est le moyen que nous utilisons pour lier ensemble deux ou plusieurs parties ayant la capacité de consentir et qui souhaitent conclure un engagement circonscrit, précis, balisé et déterminé. Il s’utilise pour créer des relations de tout genre, notamment commerciales, et est très utile à cette fin justement pour permettre de négocier les conditions de sorties ou de survie de l’engagement à la relation. Il est toujours préférable de négocier ces clauses au début de la relation, quand tout est au beau fixe, qu’après la fin de cette dernière, particulièrement si cette fin est acrimonieuse.

Afin de gérer les relations non-monogames, ou certains types de relations non-romantiques (par exemple, les relations BDSM), plusieurs personnes ont recours à une forme d’entente, parfois informelle, parfois très formelle (voire même protocolaire dans le cadre de certaines relations BDSM).

Rien n’empêche de gérer ses engagements de la même façon, encore plus si les parties prenantes à ces engagements changent d’une fois à l’autre. Vous voudrez sans doute une entente écrite, formelle et une certaine couverture juridique si vous faites l’acquisition de propriété ou songez à fonder une famille.  En notant par écrit chacun de ces engagements, vous aurez une trace neutre pour gérer ces derniers dans le temps. Il permet également de protéger toutes les parties, surtout lorsque les institutions en place (droit de la famille et autre) ne sont pas faites pour accommoder celles-ci. Une entente au niveau de vos attentes quant aux vacances avec vous partenaires peut être de l’ordre de la discussion informelle. La communication, comme toujours, est la pièce maîtresse de la non-monogamie éthique. Le tout semble sans doute peu romantique, j’en conviens. Cependant un peu de pragmatisme au départ d’un engagement risque d’éviter bien des écueils en chemin.

Au final, ces éléments permettent de répondre aux deux premiers enjeux soulevés lors de l’introduction, mais il est aussi important de garder en tête que, dans une perspective anarchiste, la validité d’une relation ne dépend pas de ces engagements, ni d’aucun critère de validation externe, mais uniquement de ce que les personnes impliquées dans la relation décident ensemble. Si vous sentez une forme de pression ou de coercion à l’engagement, il est sans doute temps de discuter en profondeur de vos attentes avec votre ou vos partenaire-s.

 

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Le droit, la liberté et le plaisir de choisir

Pour les personnes qui adhèrent toujours à un mode de pensée monogame exclusif, le choix d’un-e partenaire romantique a des implications énormes. Il est nécessaire de trouver « le bon » ou « la bonne », avec qui on sera prêt à embarquer dans l’ascenseur relationnel (maison, famille, etc.) pour le reste de sa vie. Comme le mot « exclusif » le sous-entend, il s’agit non seulement de choisir une personne, mais également d’exclure toutes les autres personnes en tant que partenaires éventuel-le-s.

Autrement dit, dans la monogamie, choisir, c’est l’exclusion. Choisir, c’est renoncer.

On ne renonce pas seulement aux autres en tant que partenaires romantiques, mais parfois même à certaines amitiés. La hiérarchisation des relations inhérente au système monogame fait que les amitiés sont vues comme moins importantes, moins privilégiées, subordonnés à la relation romantique principale. Pensez aux nombres d’ami-e-s que vous voyez soudainement moins souvent depuis qu’ils ou elles sont en couple (ou depuis que vous l’êtes!) pour le constater.

Bien que certaines relations non-monogames éthiques requièrent une forme d’exclusivité (on pense aux triades fermées par exemple), ce n’est pas le cas de toutes. Dans une philosophie anarchiste relationnelle, cette exclusivité n’a plus aucune raison d’être en fait, sinon rarement comme un élan temporaire unissant deux ou plusieurs personnes.

Le choix d’un-e partenaire revêt alors une toute autre siginification. Il n’est plus un geste d’exclusion, mais un geste d’inclusion. Il s’agit d’accueillir une nouvelle personne dans le cercle de nos relations, polycules, amis, amours, métamours, etc. C’est un ajout à une vie émotionnelle parfois déjà très riche: non seulement la nôtre, mais celle de toutes les autres personnes avec qui nous sommes en relation également. Au sein d’un polycule ouvert et transparent, chaque nouvelle personne est une richesse pour l’ensemble du polycule.

Vos choix deviennent ainsi un plaisir pour autrui également, et non plus une menace. De même, les choix d’autrui deviennent des opportunités de découverte pour vous. Une fois libéré de la menace de l’exclusion, on découvre l’immense joie qu’il peut y avoir à cultiver plusieurs relations simultanément.

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Le jardin

À chaque semaine mon jardin m’offre une nouvelle offrande. Les premiers bourgeons apparaissent. Les tulipes se pointent le nez en début de saison. Une éruption de délicates fleurs s’ensuit dans mon poirier. Accompagnées des rhododendrons, les premières roses apparaissent, roses, blanches – si éphémères celle-là, et rouge. Les hémérocalles et les hostas, les éclats d’or des spirées. Je ne suis pas triste lorsque les pétales de rose jonchent le sol car je sais que peu après les baies, fraises, bleuets et framboises, puis mes poires viendront à maturité.

Ce lent ballet m’apporte beaucoup de satisfaction. J’aime sortir et le contempler, savoir qu’il est différent de la semaine passée, qu’il changera encore la semaine prochaine. Je l’ai après tout construit, semé, planté. J’en suis fier.

Je l’aime même s’il ne m’appartient pas. Oh, bien sûr je suis nominalement propriétaire de la maison et du terrain (on reparlera plus tard de la contradiction entre anarchisme et propriété privée), mais je ne possède pas la vie propre à ces plantes. Je les entretiens, mais elles foissonnent comme elles le veulent, elles me donnent les fruits comme bon leur semble. Je ne suis pas possessif ni jaloux de ce jardin – quand je pense à lui, au contraire, c’est avec une profonde gratitude.

Si demain, je devais avoir à déménager, à quitter cet endroit, si une opportunité se présentait, je le ferais sans aucune hésitation. À deux reprise j’en suis d’ailleurs passé très près, et je l’aurais fait en sachant pertinemment que ce jardin resterait derrière moi. Je laisserais alors (j’ose l’espérer) au futur occupant un lieu paisible et agréable, et ça me réjouit de savoir que cette personne en tirerait également plaisir. Il ne m’appartient pas, je n’en suis que temporairement le bénéficiaire.

Pourtant j’ai mis l’effort nécessaire à sa création; je l’entretiens régulièrement, enlevant les branches mortes, les tiges desséchées, le débarrassant de ses mauvaises herbes, contenant l’expansion des framboisiers. Tout ça en sachant fort bien que ce jardin n’est pas pérenne. La satisfaction du geste sur le moment suffit. J’aime mon jardin en en prenant soin. Je pourrais sans doute mieux faire, et le gazon atteint parfois des hauteurs vertigineuses, quelques pissenlits ont la vie bien trop facile, mais bon, je suis un peu paresseux, et on ne doit pas diminuer la valeur de mon amour pour le jardin pour autant.

Mes relations sont un peu comme ce jardin, même si la métaphore a ses limites. Je les vis passionément dans le moment présent. J’en suis fier. J’adore les voir changer de semaine en semaine, croître et fleurir, j’aime pouvoir porter mon attention d’une à l’autre sachant qu’elles ne sont jamais vraiment hors de mon champs de vision. J’aime m’en occuper, sachant que c’est ce soin qui fera qu’elles dureront, tout en acceptant pertinemment qu’elles ne dureront sans doute pas éternellement non plus, sachant que d’autres ont le plaisir également de goûter à la joie d’être avec mes partenaires, et espérant que tout cet amour ne fait que rehausser celui qui est vécu avec autrui.

Sans savoir ce que la vie nous réserve, il se pourrait que je sois appelé ailleurs, ou bien (limite de la métaphore) que ce soit mes partenaires qui prennent un autre chemin. Il m’arrive parfois d’être sinon négligent, du moins un peu distrait, de laisser la nature reprendre un peu plus de terrain avant encore une fois de me rappeler la nécessité de l’entretien. Ce que je fais toujours en savourant le moment présent.

J’aime, mais je ne veux pas posséder. Je ne veux pas figer cet amour dans le temps. Je veux être libre de vivre ce sentiment partagé dans tout ce qu’il a d’immédiat. Sortir dans mon jardin quand il me plait, le temps qu’il me plaira.

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Conceptions du temps en (poly)amour

Notre société a plusieurs métaphores face au temps – ces métaphores en révèlent long sur nos priorités collectives. La plus commune est de voir le temps comme une ressource, une ressource limitée et rapidement épuisable, en forte demande, et ayant par conséquent une valeur. D’ailleurs, c’est ainsi qu’on rémunère votre temps, mais c’est aussi la base de plusieurs clichés « pop-philosophiques » du genre « Imaginez que vous débutiez chaque journée avec 86 400$ en banque mais qu’ils disparaissent à la fin de la journée ».

Comme le temps est une ressource que nous mesurons, que nous quantifions, ça nous permet de mettre des jalons à des quantités prédéterminées (que nous appelons des dates) et conséquemment de fixer des objectifs pour ces jalons. On veut être millionnaire à 40 ans, on veut prendre sa retraite à 55-60-65 ans, on veut finir d’acheter nos cadeaux de Noël pour le 23 décembre. Les relations n’y échappent pas: on veut être en couple à 25 ans, acheter une maison à 30 ans et avoir des enfants dans l’année qui suit, par exemple.

Ce n’est pas faux. Le temps peut effectivement être vu comme une ressource que l’on peut mettre à profit. On utilise le temps donné pour travailler sur une relation, atteindre des buts, progresser dans sa carrière. Cette métaphore sous-tend l’ascenseur relationnel. Mais ce n’est pas la seule métaphore qui tienne, au contraire. Il y en a au moins deux autres qui sont particulièrement appropriées pour les polyamoureux.

Tout d’abord, je suggère de voir le temps comme un espace que l’on occupe (ou pas). Les polyamoureux qui ont de la misère à jongler les rencontres dans leur agenda hyper-chargé comprendront instantanément ce que je veux dire. Au lieu de voir les jalons temporels comme des cibles ou des marqueurs, on peut les voir comme des frontières qui définissent un espace, espace qui sera consacré à une activité précise: passer une soirée avec son amoureux-se. Rencontrer des amis. Étudier. Ne rien faire (parfois, il faut délimiter un espace juste pour ça).

Si, dans la première métaphore, l’humain est en mouvement dans le temps (qui lui aussi est en mouvement) et cherche à atteindre un objectif donné, dans la seconde, il peut être immobile. Il occupe un espace de temps qui est d’ailleurs aussi immobile. L’important n’est plus nécessairement d’atteindre un objectif, l’objectif étant d’avoir immobilisé le temps pour vivre une activité précise.

Mais il rester une autre possibilité à explorer, soit que l’être humain demeure immobile, mais que le temps se déplace autour de lui. Autrement dit, au lieu de nous voir nous-mêmes motivés par un but, par un objectif, et agir en conséquence (une vision téléologique de l’existence et des relations) on peut aussi s’imaginer comme existant tout simplement dans le moment présent, nous adaptant aux circonstances, rencontres et partenaires qui nous sont présentés par les flots incessant du temps. Dans cette métaphore, le temps est un peu comme une rivière (« la vie est un long fleuve tranquille ») et le polyamoureux, un pêcheur au bord de la rivière qui savoure la journée et, occasionnellement, la prise que la vie laisse dans ses filets mais qu’inévitablement elle reprendra avec elle dans son cours. Autrement dit, un certain détachement face au futur permet l’appréciation plus complète du moment.

Toutes ces conceptions du temps sont valides et enrichissantes dans la mesure où nous sommes conscients de leur existence, bien sûr, mais aussi de leurs limites et de leur portée. Certains des stress vécus en relation (pas tous, loin de là) peuvent être ré-examinés à la lumière de la conception du temps. Sommes-nous trop en train de nous projeter dans le futur et pas assez en train d’essayer d’occuper le moment présent? Essayons-nous de contrôler le temps qui passe plutôt que d’en profiter? Nous voyons nous seuls dans le temps, ou en communauté? Et surtout, d’un point de vue éthique, l’ensemble de vos partenaires et vous êtes vous en phase sur vos conceptions du temps, et la façon dont vos relations évoluent à travers celui-ci?

La prochaine fois que vous sentirez que vous ne profitez pas pleinement d’un moment, posez-vous la question, et faites l’exercice de changer de métaphore. La nouvelle perspective pourrait s’avérer plus intéressante!

 

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Relations multiples, deuils multiples?

Les ruptures et les deuils font inévitablement partie des relations amoureuses,  peu importe la durée de vie de celles-ci.  En multipliant les relations amoureuses,  ne risque-t-on pas de multiplier également les peines d’amour? Le polyamour est-il condamné à vivre un deuil perpétuel? Bien sûr que non. Mais si on examinait un peu plus pourquoi?

Il faut d’abord réfléchir à la nature du deuil. Celui-ci passe par une série d’étapes qui sont déjà bien connues: le choc,  le déni,  la colère,  la tristesse et l’acceptation. Cette succession d’étapes révèle la nature du deuil: il s’agit d’un processus. Comme tout processus, il démarre lorsque des conditions de départ sont réunies et prend fin lorsqu’un extrant final est livré.  Pour mieux appréhender le deuil il faut donc savoir quel est le résultat de ce processus. 

Je posite ici que le processus du deuil vise avant tout à créer du sens. Le choc au début du deuil perturbe le sens que l’on donnait initialement à une réalité. Pour réaligner notre vision du monde, les terribles soubresauts que l’on connaît (tristesse, colère) doive briser le déni et nos visions préexistantes du monde afin de permettre à une vision nouvelle d’émerger.  Cette vision n’est pas toujours adéquate.  C’est pour ça que le deuil n’est pas un processus linéaire.  La vision se forge,  se désagrège et se regorge à nouveau, entraînant nos émotions dans une spirale déboussolante. 

Dans une relation monogame,  plusieurs sens sont entremêlés: souvent, des objectifs de vie familiale, financière et émotionnelle se combinent. Le deuil peut devenir très ardu. Dans un contexte polyamoureux, ce n’est pas nécessairement le cas. La composante émotionnelle est généralement présente,  mais les autres varient selon les relations. Paradoxalement,  cela rend le sens de chaque relation beaucoup plus facile à percevoir. Fréquenter plusieurs personnes simultanément nous force en quelque sorte à découvrir ce qui est propre à chaque relation. Une des difficultés initiales du deuil monogame est que le sens de départ n’est pas toujours clair. Pour les polyamoureux cette recherche constante de sens est donc bénéfique.  

Ce n’est pas toujours le cas. On a tous entendus parle de polyamoureux pour qui la fin d’une relation à déclenché une spirale tragique menant à la fin des autres relations également.  J’avancerais ici que c’est un cas où la recherche de sens à du être menée après le choc initial, menant à plusieurs chambardement au gré du processus de deuil. 

Pour atténuer le deuil  (car celui-ci est tout de même inévitable) soyez donc en perpétuelle découverte de sens. Explorez avec vos partenaires ce qui définit vos relations. Apprenez à identifier ce qui les distingue. Et savourez-les dans le moment présent,  plutôt que dans l’avenir. 

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Pouvoir et relations

Comme la plupart des aspects de la vie occidentale, les relations amoureuses « traditionnelles » sont construites autour de relations de pouvoir. Certaines de ces relations sont explicites, d’autres plus insidieuses, mais toutes sont potentiellement néfastes. Dans un cadre polyamoureux, cette dernière phrase est encore plus véridique – c’est une des raisons qui fait de l’anarchie relationelle une philosophie intéressante à pratiquer, peu importe la configuration amoureuse que vous préférez.

Mais revenons aux relations de pouvoir. Elles sont explicites dans bien des cas. Dans les liens légaux qui viennent avec la mariage ou les différentes formes d’union reconnues socialement, dans les avantages fiscaux qui s’appliquent au couple par exemple. C’est aussi explicite dans les règles, us et coutumes qui permettent à un(e) conjoint(e) de dicter à l’autre son comportement, et qui fond qu’un conjoint se sent légitimement « plus important » que les autres relations (du genre, je suis ta blonde/ton chum, je devrais être plus important-e que tes ami-e-s).

Les relations de pouvoir par contre peuvent être plus insidieuses, cachées, et parfois ne rien avoir à voir avec la relation elle-même. Les inégalités économiques entre partenaires de même que les disparités sociales peuvent influencer fortement la dynamique relationnelle au sein d’un couple. Combien de conjoint n’osent pas mettre fin à une relation en raison de la perte de sécurité financière, ou encore parce que leur réseau d’amis au fil du temps s’est étiolé?

Si vous multipliez les relations, vous multipliez également les relations de pouvoir potentielles. Les polyamoureux.ses ne sont donc pas à l’abri de cet enjeu. Les curieux qui ouvrent leur couple pour la première fois, par exemple, ont souvent tendance à mettre en place toute une série de règles à suivre ou à respecter. Idem pour les couples qui cherchent une licorne (une partenaire bisexuelle, souvent exclusive à leur couple et en relation avec les deux membres du couple) mais qui désirent ensuite lui imposer de sévères restrictions sur le type de relation qu’elle peut avoir avec eux, voire sans eux. Tous les polyamoureux plus expérimentés vous le confirmeront: les règles ne sont pas une stratégie viable à long terme. Elles ne font que cimenter le débalancement du pouvoir entre les parties, généralement pour répondre aux insécurités de la personne qui dicte les règles.

Sans m’attarder sur les règles (d’autres en ont parlé avec beaucoup plus d’éloquence!) les liens de pouvoirs peuvent aussi être cachés, implicites dans les relations. Par exemple, si une personne polyamoureuse croit que les relations sont « hiérarchiques », c’est à dire, que certaines ont une importance et une légitimité plus grandes que d’autres, cette personne va le démontrer non seulement dans ses relations avec ses partenaires, mais aussi avec ses métamours. Prenons par exemple Jean, Pierre et Annie. Jean et Pierre ont une relation que Jean catégorise comme « principale ». Annie et Pierre ont une relation qu’ils ne catégorisent pas, Annie étant anarchiste relationnelle. Dans cet exemple, Jean pourrait se sentir légitimé d’empiéter sur le temps qu’Annie et Pierre partagent ensemble parce que pour lui, la relation entre Jean et Pierre est plus importante que la relation entre Annie et Pierre. Ça revient à ce qu’on illustrait plus haut comme comportement: je suis ton chum, je suis plus important que ton amie.

Dans cet exemple, Jean impose sa vision hiérarchique des relations à une personne (Annie), possiblement deux si on inclut Pierre également. Il s’agit de structures de pouvoir traditionnelles, héritées de la monogamie, qui sont reproduites dans un modèle polyamoureux mais qui ne sont pas du tout acceptables (Annie ayant probablement une opinion bien différente de l’importance des relations).

On n’échappera jamais aux relations de pouvoir entre individus, mais afin d’y remédier, il est important de développer deux capacités. D’une part, il faut être capable de reconnaître et d’identifier les relations de pouvoir. Si vous ressentez une contrainte, et que cette contrainte provient d’une partie qui n’est pas directement concernée dans la relation, et que vous n’avez pas consenti à cette contrainte, vous identifiez probablement une relation de pouvoir. (Attention par contre, si vous identifiez une contrainte, mais que vous n’êtes pas directement concerné par la situation – par exemple si vous êtes hétéro et que le mariage gai vous offusque, vous identifiez une situation de privilège).  D’autre part, il faut être en mesure de mettre en place suffisamment de contrepouvoirs pour équilibrer le tout. La communication entre partenaires et métamours demeure la meilleure façon d’arriver à cet équilibre. L’affirmation respectueuse de ses droits, désirs et besoins est un premier contrepoids lorsqu’on empiète sur votre vie privée et souvent le seul qui sera nécessaire. Sinon, il est peut-être temps de mettre un terme à cette relation.

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Le mythe du deuil perpétuel

Certaines personnes, remarquant que les polyamoureux vivent leur lot de ruptures à des fréquences apparemment plus élevées que les monogames plus traditionnels, en arrivent facilement à la conclusion que les relations polyamoureuses ne sont pas stables ni sérieuses. C’est, malheureusement, un biais fréquent, mais le revers de la médaille est plus rassurant: c’est surtout une question d’incompréhension et de méconnaissance du contexte.

Si on prend la durée comme un critère de réussite (et on peut en débattre, j’y reviens plus bas), alors ça peut sembler inquiétant. La sagesse populaire regorge de barèmes qui identifient les étapes déterminantes d’une relation. On parle par exemple du seuil des 3 (3 semaines, 3 mois, 3 ans), de l’écueil des 7 ans, etc. Un sondage britannique paru en 2014 établissait la durée moyenne d’une relation à 2 ans et 9 mois. Ça semble court, mais comme il fallait à ces personnes entre 7 et 8 relations avant de tomber sur « la bonne personne », ces données font pas mal de sens.

Qu’est-ce que ça signifie concrètement pour les polyamoureux? Et bien, si on prend l’hypothèse que les durées de relations sont sensiblement les mêmes (on pourrait débattre de cette hypothèse, j’y reviens plus loin), un polyamoureux, selon le nombre de relations vécues au point de saturation vivra des deuils de façon assez régulière. Petite démonstration:

  • 1 partenaire: un deuil aux deux ans et 9 mois
  • 2 partenaires: un deuil à chaque 16 ou 17 mois
  • 3 partenaires: un deuil aux 11 mois
  • 4 partenaires: un deuil au 8 mois
  • 5 partenaires: un deuil aux 6 ou 7 mois
  • 6 partenaires: un deuil aux 5 mois et demi

Et ainsi de suite. Mais si effectivement seulement une relation sur 7 ou 8 débouche sur une relation à long terme, ceci signifie qu’à l’exception d’une ou deux relations primaires, nos polyamoureux moyens peuvent vivre des deuils à une vitesse beaucoup plus élevée. Conséquemment, selon le point de saturation, il est tout à fait normal qu’ils apparaissent vivre une succession de rupture, même si les relations vécues ont exactement les mêmes caractéristiques de longévité que les relations monogames.

De surcroît, comme on reconnait plus souvent les événements marquant que l’absence d’événement (une rupture frappe plus l’imagination qu’une absence de rupture, il faut l’admettre), cette suite de ruptures laisse une impression différente dans l’esprit des gens monogames, qui pensent rarement à vous demander, en moyenne, la durée de vie de vos autres relations.

Ceci dit, la durée de vie est loin d’être le seul facteur de réussite par lequel nous pouvons évaluer une relation amoureuse. En fait, parler de « réussite » et de relation est en soi un piège. Il n’y a pas de mesure de succès, pas de notes de passage, pas de récompense au prochain niveau. Les relations n’ont pas besoin d’être pérennes pour être significatives, et tel que mentionné dans un billet précédent, une rencontre de quelques heures pourrait fort bien avoir un impact marquant et favorable sur l’ensemble de votre vie.

Ceci pourrait d’ailleurs expliquer une autre perception, qui fera l’objet d’un billet ultérieur: l’apparente facilité des gens non-monogames à nouer de nouvelles relations. Les polyamoureux seraient possiblement plus à l’aise avec l’idée d’explorer rapidement de nouveaux liens de nature romantique et/ou sexuelle. Intuitivement, cette idée pourrait faire du sens – je tente présentement de modéliser ce concept en utilisant la théorie des jeux. Si un lecteur avide de mathématiques a envie de me donner un coup de main, je ne dirais pas non!!!

En attendant, si jamais on vous fait des reproches sur la durée de vos relations, vous saurez que vous avez au moins deux approches qui vous permettront de rappeler gentiment à votre interlocuteur de se mêler de ses affaires. D’une part, le biais de perception ci-dessus illustré, et d’autre part, le préjugé auquel s’accroche l’autre personne qui fait de la durée le facteur principal de réussite d’une relation.

 

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L’écoute et l’accueil

On répète souvent – et inlassablement – que le succès des relations polyamoureuses repose d’Abord et avant tout sur le maintien d’une bonne communication. Ce conseil s’applique sans doute à n’importe quelle relation, amoureuse ou pas, exclusive ou pas, alors ça vaut la peine de prendre quelques minutes pour l’approfondir davantage. Évidemment, il y a plusieurs formes de communication dans une relation. Certaines formes sont basées sur l’interaction. Dans ce cas, ce n’est pas le contenu de ce qui est échangé plutôt que le contexte, l’échange, la participation qui soude les participants. Souvent ce sont des échanges humoristiques, ou conventionnels, culturels. D’autres formes de communication sont axées sur la résolution des conflits ou sur la découverte d’information. Ce sont dans ces circonstances qu’il faut faire preuve d’un peu plus de doigté.

Vous avez sans doute vu passer une variante de l’expression suivante sur les réseaux sociaux: « le problème des gens aujourd’hui est qu’on n’écoute pas pour comprendre, on écoute pour répondre. » Si cette technique fonctionne à merveille en politique ou dans les médias, ou encore pour troller sur le web, ça ne vous mène pas bien loin lorsque vient le temps de construire une relation mutuellement enrichissante. Dans les situations plus tendues ou intimes, écouter pour comprendre vous servira plus efficacement.

Le premier conseil, donc, afin d’éviter « d’écouter pour répondre », sera de ne pas répondre, tout simplement. Il ne suffit pas de rester de marbre, évidemment. Vous devez manifester votre présence concrètement, en encourageant l’autre à s’exprimer. Un silence actif et engagé (par opposition à un silence absent et indifférent) a plusieurs avantages. D’abord, la nature ayant horreur du vide, le silence mènera souvent les gens à approfondir davantage ce qu’ils viennent d’exposer. Ensuite, dans les situations tendues, on lance parfois des appâts à l’autre afin d’envenimer une situation et en évitant de répondre, vous éviterez de tomber dans le panneau.

Ayant évité d’écouter pour répondre, vous devez maintenant vous assurer d’écouter pour comprendre. Le piège ici est évidemment la fausse compréhension. Nous avons évolué afin de réagir rapidement à une situation donnée et notre réflexe premier est de catégoriser ce que nous percevons selon nos préjugés ou nos expériences antérieures. Ceci est inefficace en communication car cela réduit le discours de l’autre à vos propres expériences et vous empêche de percevoir le caractère unique ou nouveau de leur propos. Un truc très simple pour éviter cet écueil est de favoriser les questions ouvertes lorsque vous relancez l’autre. Ainsi, au lieu de dire « tu as dû te sentir vraiment en colère/heureux/triste/etc. » selon les circonstances, demandez plutôt à l’autre de vous décrire ce qui a été ressenti.

Posez cette question afin d’éviter de poser un jugement, et efforcez-vous d’éviter le jugement par la suite. Vous pouvez parfois ne pas être d’accord avec le discours ou les motivations apparentes de quelqu’un, mais sans connaître en détail les circonstances de vie qui affectent les choix et les paroles d’autrui, votre jugement pourrait se révéler fortement teinté de préjugé. Dans un autre domaine, on préconise la technique des « cinq pourquoi » afin d’arriver à la cause fondamentale d’un enjeu. C’est à dire qu’il ne faut jamais s’arrêter à la première cause identifier, mais essayer de comprendre d’où vient cette cause en relançant, puis en relançant encore, et ainsi de suite.

Ces brefs conseils ne vous indiquent pas comment résoudre tous les conflits qui peuvent survenir dans vos relations, mais au minimum vous permettront d’éviter de les envenimer. En ayant une approche axée sur l’accueil de l’autre, sur sa découverte, sur l’acceptation de son propos vous ne pourrez que vous aider mutuellement.

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La saturation

Un concept dont on ne parle pas à prime abord lorsqu’on traite du sujet de la non-monogamie éthique est celui de la saturation. Comment fait-on pour reconnaître quand assez, c’est assez? Dans un contexte culturel monogame la réponse est assez claire: une personne, c’est assez – notez que certaines cultures font des exceptions pour les amants et maîtresses « illicites ».

Lorsqu’on brise les codes culturels en vigueur, il faut réapprendre à poser les limites, ce qui n’est pas nécessairement évident. Il faut d’une part accepter que oui, nous avons des limites et ensuite essayer de les définir, ce qui est aussi une tâche complexe.

Par exemple, qu’entendons-nous exactement par saturation? Il serait réducteur de réduire le concept au simple nombre de relations (amoureuses ou pas) qu’une personne peut avoir. J’ai déjà mentionné dans un article précédent ma formule « 6 plus ou moins 2 » pour évaluer le nombre de relations simultanées que je me sens en mesure d’entretenir tout en ayant un apport assez enrichissant pour mes partenaires également. Mais comment savoir quand on est dans le « moins 2 » ou dans le « plus 2 »?

Il faut voir la saturation comme un ensemble des circonstances de vie et planifier une contingence pour les aléas de chaque sphère du quotidien. Travail, études, famille et enfants, loisirs, tous ces domaines occupent une partie significative de notre temps et de notre énergie. Chaque nouveau projet, chaque nouvelle passion entraîne une nouvelle ponction de ces précieuses ressources.

Comme les circonstances de chaque personne sont différentes, il n’y a pas de façon universelle de déterminer la « capacité relationnelle » pour ainsi dire. On peut par contre chercher à identifier des signes clairs qui sonnent l’alarme lorsqu’on se rapproche du point de saturation. Lors de la conférence Amours 2.0 qui a eu lieu il y a trois semaines, j’ai apporté l’élément de réflexion suivant: on peut se considérer saturé lorsqu’il devient impossible de prendre du temps pour soi. Simplement avoir un moment seul à ne rien faire, à ne rien faire de productif, de relationnel, d’imposé. Lorsque nous perdons la liberté de nous réserver à nous-même une case dans notre horaire, il est clair que nous avons atteint un seuil qui met en péril certaines obligations, car il suffit d’un simple imprévu pour tout chambouler votre emploi du temps sans qu’il n’y ait de cas-horaire tampon pour absorber le choc.

Sachant cela, faites passer un test de stress à votre emploi du temps. Imaginez une urgence imprévue dans un domaine quelconque (travail, famille, ou autres tels que mentionnés ci-haut). Comment pourriez-vous réagir? Comment réagiraient vos partenaires? Avez-vous déjà abordé le sujet ensemble? La réponse à ces questions vous aidera à mieux vous connaître ainsi que vos limites, mais permettra aussi de clarifier à l’avance avec vos partenaires vos attentes en terme de gestion du temps et pourra vous aider à communiquer un peu plus efficacement lorsqu’une crise imprévue surviendra.

 

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Les difficultés du contact émotionnel

Inévitablement qui dit polyamour ou anarchie relationnelle implique le contact émotionnel entre deux personnes. Mais alors que dans la relation de type traditionnel on s’habitue lentement à la façon de s’exprimer d’une seule personne, dans ces autres contextes nous devons parfois nous adapter rapidement (voire simultanément!) à différentes façons de ressentir et de communiquer ses émotions.

Le contact émotionnel passe par différentes étapes, chacune d’entre elle formant un continuum où les gens peuvent se situer. Comprendre donc comment s’y retrouvent vos partenaires vous aidera à créer avec eux des liens plus intimes.

Tout d’abord vient la capacité de ressentir l’émotion et d’en être conscient. La majorité des gens ressentent une gamme assez variée d’émotions primaires (joie, tristesse, peur, colère) et secondaire (honte, nostalgie, affection, etc.). Chez certaines personnes par contre, l’émotion peut être réprimée ou refoulée inconsciemment, ou encore absente (parfois, seules les émotions primaires sont présentes, parfois aucune), qu’il s’agisse de mécanismes de défense psychologiques ou encore de particularités neurologiques (par exemple, chez certaines personnes neuroatypiques).

L’émotion se distingue aussi de l’humeur, qui est un état d’âme moins spécifique, mais dont les mouvements varient aussi de personne en personne, allant de l’athymie (soit l’absence d’état affectif) jusqu’à des mouvements d’humeur hors de contrôle, et une bonne majorité des gens se situent entre les deux.

Il faut de surcroît être capable d’exprimer cette émotion. On estime qu’environ 10% des gens sont touchés à différents niveaux par l’alexithymie, qui est la capacité de reconnaître et de communiquer ses émotions.

La capacité de percevoir l’émotion chez les autres est un élément important de la communication. Certaines personnes neuroatypiques n’ont pas cette capacité ou la développent à un niveau moindre. Cette perception peut être cognitive, du registre de l’empathie – vous reconnaissez, analysez, et décodez intellectuellement l’humeur de l’autre – ainsi qu’affective, du registre de la sympathie – vous ressentez vous même l’émotion que votre partenaire ressent. (Notez bien que les termes empathie et sympathie sont utilisés différemment selon les auteurs, alors si ces expressions vous déplaisent, sentez-vous libre de substituer celles de votre choix). Chaque personne diffère quant à sa façon de réagir aux émotions d’autrui, ce qui n’est pas en soit une mauvaise chose. Ainsi, un psychopathe primaire pourrait analyser vos émotions pour vous manipuler, mais vous appréciez qu’un chirurgien garde aussi la tête froide en vous opérant. L’empathie et la sympathie sont donc différents de la moralité.

La communication émotionnelle, autrement dit, repose sur une boucle fragile impliquant la reconnaissance de son émotion, l’expression de celle-ci, la reconnaissance de cette expression par l’autre, puis une réaction ou une validation appropriée, et ainsi de suite. Pour des raisons personnelles, psychologiques, neurologiques ou autres, la capacité de vos partenaires peut varier selon chacune de ses étapes. Il devient donc important, surtout si votre polycule est assez diversifié, de reconnaître vos propres patterns, d’en informer vos partenaires et, idéalement, que ceux-ci fassent de même avec vous.

Par exemple,  je n’ai pas de difficulté à comprendre les émotions que je ressens, à les mettre en mots et à les communiquer au besoin. De façon générale je réussis assez bien à décoder les émotions chez les autres – je sais s’ils expriment de la tristesse, de la colère, de la joie, un mélange de diverses émotions, etc. – et j’ajuste mes réactions en conséquence, sur une base presque analytique. Par contre, je ne ressens jamais l’émotion d’autrui. Ceci ne veut pas dire que je ne ressens pas d’émotion envers eux ou pour eux. S’ils connaissent du succès, je me réjouis pour eux. S’ils sont tristes, je tente de voir de quelle façon je peux être présent pour eux. Mais je ne ressens pas moi-même cette tristesse.

Enfin, résistez à la tentation de diagnostiquer vos partenaires (et les gens en général) si leurs schémas émotionnels ne correspondent pas à ce que vous considérer être la norme. D’une part, les diagnostics peuvent être très complexes et requiert une maîtrise avancée de même qu’un détachement clinique que vous n’aurez pas. D’autre part, une erreur de votre part pourrait causer plus de mal que de bien à vos partenaires. Faites preuve de compassion et, au mieux, encouragez l’autre à consulter un professionnel si la situation lui cause une réelle détresse.

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